Ouvrir un chemin de pardon
A la suite d’un rendez-vous chez une gynécologue, j’ai pris conscience de la honte que je pouvais ressentir à dire que j’avais avorté. Je me suis dis que c’était le moment, qu’il était temps que je me réconcilie avec cet événement faisant partie de ma vie, que je l’y intègre, que je n’ai plus honte et que je ne ressente plus de culpabilité débordante.
J’ai pris contact avec une personne d’AGAPA de ma ville. Je lui ai exposé rapidement ma situation, « J’ai vécu une IVG il y a 6 ans maintenant, et je pense que le moment est venu pour moi d’en parler. » Rien de plus. Nous avons convenu d’un rendez-vous.
J’ai pu raconter ce qui m’habitait, je commençais souvent par dire ce que je vivais dans l’instant et puis nous élargissions sur ce qui était plus profond, sans forcément parler directement de l’avortement.
Je rencontrais mon accompagnatrice chaque semaine et ces rendez-vous étaient très importants pour moi. J’ai pu inscrire ce que je vivais et avais vécu dans ma vie familiale et affective et mieux comprendre ce qui se jouait pour moi. J’ai aussi pu me voir autrement, identifier mes forces, apprécier ce dont je bénéficiais, du soutien de mes proches etc. J’ai aussi appris à m’autoriser à avoir un jardin secret et à ne pas avoir de devoir moral envers quiconque à raconter cet événement de ma vie.
Les exercices proposés sont intéressants et me servent toujours aujourd’hui, après la fin de mon accompagnement qui a duré un peu moins d’un an.
Aujourd’hui, j’arrive à parler de mon avortement sans rougir, il fait partie de ma vie, j’arrive à accepter ma part de responsabilité et je ne me sens plus coupable. Je comprends ce que j’ai fait vis à vis de mon parcours de vie. Je suis sur le chemin de me pardonner de n’avoir pas donné la vie à cet enfant.
J’ai fait récemment le constat que je pouvais me réjouir de la grossesse de mes amies et être aux côtés de l’une d’elle qui souhaite avorter. Je ne crois pas que j’aurais pu le faire aussi sereinement sans l’accompagnement dont j’ai bénéficié avec AGAPA
Je me sens pleinement reconnaissante envers l’association et la personne qui m’a accompagnée. C’est une chance qui permet d’apprendre à mieux se connaître, à accepter cette expérience et plus généralement l’expérience de la vie humaine.