Une aide encore pour chaque jour
« J’avais entendu parler d’Agapa à la radio (RCF) et dans un dossier dans le magazine La Vie. A plusieurs mois d’écart, peut-être même plusieurs années. Plus de 17 ans après l’IVG, c’étaient comme deux fenêtres ouvertes et qu’il fallait que j’emprunte.
Elles sont restées ouvertes jusqu’à trouver le courage d’appeler, puis de venir auprès d’Agapa. Quelque chose me disait que c’était là qu’il fallait que je vienne parler, que c’était là que je pouvais être entendue, car jamais je n’en avais parlé auparavant. Mais l’évidence a mis du temps avant d’être concrétisée : le temps de l’appel téléphonique, le temps de composer le numéro, les essais divers portés par un petit courage, mais la peur et la volonté de laisser enfoui ce qui déjà l’était depuis alors presque 20 ans reprenaient le dessus et je raccrochais. Puis la bonne fois : celle qui donne une adresse, un jour et un horaire de premier rendez-vous. Et je fus embarquée. Mon accompagnatrice a entendu dans mes sanglots ma demande d’aide, la première… elle m’a expliqué le parcours proposé par Agapa et m’a dit que je pouvais réfléchir avant de me lancer dans les rencontres qui allaient durer plusieurs mois. Je n’ai pas voulu de ce temps de réflexion, j’étais là, je devais aller jusqu’au bout ; je suis repartie avec la date de la première vraie rencontre.
Le parcours achevé (ou presque), quel chemin fut traversé… Une écoute bienveillante, sans aucun jugement autre que celui de la bienveillance. Cela ne doit pas être facile d’entendre des aveux, des difficultés, des blessures et des pardons. On dit que ce n’est pas facile de se confier, et vraiment ce ne le fut pas, mais je pense que ce n’est pas facile non plus d’être celle à qui l’autre se confie. Il doit falloir de la force, de la conviction, beaucoup de recueillement, parce que je ne crois pas qu’il faille de la distance, il faut un respect et c’est ce que j’ai trouvé, mais un respect fait d’humanité et de chaleur. C’est un tour de force.
La construction du parcours permet de travailler en profondeur toutes les facettes de son histoire, de sa personne. Cette approche globale est précieuse. L’événement IVG, mal vécu, douloureusement vécu, a fortiori quand on a essayé de l’enfouir, de l’effacer, de l’oublier parce qu’il faisait mal, est repris dans une histoire, dans un contexte, et ce qui ressort n’est pas l’événement, qu’il a été si difficile de dire déjà -et c’est une bonne partie du chemin que de le dire et de la laisser pleurer devant quelqu’un- mais soi-même, sa capacité à vivre mieux, à vivre avec, mais en ayant regardé les implications, son histoire, son enfance, son rapport à soi, et aux autres. C’est grandement précieux de ne pas être réduit à un acte, à une douleur.
De la sorte, Agapa permet d’entamer un chemin de pacification : Agapa permet de mettre des mots sur ce qui n’a jamais été dit, ou entendu, et permet aussi de repartir. Tout ce qui peut unifier l’homme est bon, je crois… Et Agapa est une aide.
Je reviendrai certainement sur les questions que le parcours propose à chaque rencontre, elles pour tout le temps. Les références, les citations sont aussi des repères qui peuvent prendre sens maintenant et à d’autres moments, elles jalonnent. Je suis sûre que ce n’est pas une aide ponctuelle, c’est une aide pour tout le reste du temps. »