Je me sens plus sereine et réconciliée avec moi-même

 

En août 2008, j’ai avorté. J’étais enceinte de 7 semaines, de l’homme qui est aujourd’hui mon mari. A l’époque, nous venions de nous rencontrer et je manquais de stabilité sur le plan affectif. J’ai alors fait un choix dans l’urgence, choix que j’ai toujours regretté par la suite, et auquel j’évitais de penser.

A l’époque, j’étais déjà maman d’un enfant de 7  ans, né d’un précédent mariage. Avec mon mari actuel, nous avons eu un autre enfant né en 2011. Depuis nous souhaitions avoir un autre enfant, sans y parvenir depuis 16 mois environ.

J’ai parlé à très peu de personnes de mon avortement. Ce n’est pas quelque chose dont je me sentais fière et même si personne ne m’a jamais rien reproché, je ressentais beaucoup de culpabilité ainsi qu’une incapacité à accepter ce que j’avais fait. Sur les conseils d’une amie, avec qui j’avais évoqué mon avortement et mes difficultés à retomber enceinte, j’ai recherché une association, un groupe de parole, qui pourrait me permettre de faire le deuil de cet enfant que j’avais tué et de surmonter le sentiment de culpabilité que je retirais de cet acte irrémédiable. Paradoxalement, alors que j’avais donné vie à un 2e enfant après mon avortement, je voyais comme une punition le fait de ne plus parvenir à tomber enceinte…

En faisant des recherches sur internet, je suis tombée sur le site d’Agapa. Je n’avais jamais entendu parler de cette association. Le site était lisible, le fait que l’association soit catholique m’a dérangée au début, mais il était clairement stipulé que si l’on ne le souhaitait pas, le parcours ne serait pas abordé par le biais de la religion. J’ai certes été élevée dans la religion catholique, pourtant aujourd’hui je ne suis pas pratiquante et je ne suis même pas sûre d’être encore croyante. Quoi qu’il en soit, je ne souhaitais pas lier la question de l’avortement à  la religion.

Les deux bénévoles que j’ai rencontrées par la suite ont su respecter ce souhait tout au long d’un parcours qui a duré 10 mois. Nous aurions pu regrouper la quinzaine de rencontres prévues sur un laps de temps plus court, mais à aucun moment ces dix mois ne m’ont semblé trop longs, ils m’ont au contraire permis de mûrir et de nourrir ma réflexion entre chaque séance.

J’ai apprécié le déroulement de chaque rencontre. Exceptionnellement, le parcours s’est fait à 3 puisque 2 bénévoles m’accueillaient. Nous discutions très librement autour d’une table, les accompagnantes reprenant avec beaucoup de finesse mes propos afin de m’aider à avancer. J’ai  apprécié ces entretiens, chacun m’ayant permis d’avancer dans ma réflexion de manière subtile. J’ai aussi apprécié la sensibilité, la pudeur, l’humanité, la discrétion des accompagnantes. A aucun moment je ne me suis sentie jugée.

Ayant par le passé été amenée à consulter un psychologue, j’ai pu constater que le parcours proposé était bien construit et structuré, élaboré par des professionnels. A la fin de chaque séance, j’étais invitée à réfléchir à certaines questions pour la séance suivante. Il me semblait rassurant de ne pas venir les mains vides à nos entretiens et d’avoir le temps de mûrir ma réflexion d’une rencontre à l’autre.

J’ai terminé mon parcours très récemment. J’ai compris ce qui m’a amenée à avorter il y a plus de 5 ans et, même si je ne me suis pas encore totalement pardonnée, je me sens plus sereine et réconciliée avec moi-même. Je me prépare à accueillir un nouvel enfant dans quelques jours ; je suis en effet tombée enceinte au début de mon parcours avec Agapa.

S’il m’a été difficile dans un premier temps de contacter cette association, je vois aujourd’hui le chemin parcouru et je suis consciente de ma chance. Je remercie Agapa pour cet accompagnement et notamment leurs deux bénévoles pour toutes leurs qualités d’écoute, de bienveillance et de dévouement. J’espère enfin que mon témoignage pourra apporter une petite aide à celles qui se sont trouvées un jour confrontées à l’avortement.

Voilà, quelques nouvelles pour finir : nous attendons la venue du bébé qui ne saurait tarder. Tout est prêt ou presque, je dois encore préparer ma valise!

Encore merci pour cette belle aventure !

 

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