Sur mon IVG, il y a un "avant" et un "après" Agapa
J’ai avorté à l’âge de 21 ans, et je l’ai vécu à l’époque, comme un « non événement », comme une « opération technique » à peine plus compliquée que de prendre la pilule, puisqu’il était hors de question pour moi de devenir mère si jeune. Les années ont passé et j’y ai très peu repensé jusqu’à l’âge de 34 ans. Au détour d’une conversation, j’ai entendu le mot « avortement », ce qui m’était arrivé de nombreuses fois depuis 13 ans, (mais ça ne me faisait pas spécialement réagir) et j’ai explosé en larmes. J’ai compris à ce moment là qu’il me faudrait refaire un tour du côté de cet événement…
J’ai cherché, sur Internet, des réponses à « traumatisme avortement soutien ».
J’ai été choquée de voir que les ressources en ce sens sont rares : il y a d’un côté les organismes « anti » qui vous condamnent à une dépression éternelle, et de l’autre les voix « officielles » qui nient toute conséquence psychologique à l’avortement (je comprends cette position d’un point de vue politique – pour ne pas donner de grain à moudre aux « antis »… – mais enfin d’un point de vue psychologique c’est tout simplement faux et ça me désole qu’on ne puisse pas, 40 ans après la légalisation de l’avortement, conserver sa légitimité tout en acceptant qu’il s’agit d’un événement dans la vie d’une femme et qu’il mérite donc attention et soutien).
Au milieu des extrêmes donc… j’ai trouvé Agapa, et à la lecture du site Internet, j’ai été heureuse qu’il existe une structure accueillant aussi des femmes comme moi – une femme qui ne regrette pas d’avoir avorté, mais qui ne comprend pas pourquoi l’évocation de cet événement provoque une réaction si vive.
J’ai envoyé un email et j’ai reçu rapidement une réponse avec une proposition de rendez-vous. Au premier rendez-vous je me suis sentie très bien accueillie par mon accompagnante, accueillie de manière bienveillante, je ne me suis jamais sentie jugée mais plutôt écoutée, j’ai senti que je pouvais déposer là ce qui m’alourdissait.
Elle m’a proposé un accompagnement individuel selon le parcours d’Agapa, ce que j’ai accepté avec plaisir – comme je réside à l’étranger nous avons poursuivi nos échanges hebdomadaires par skype et ça s’est très bien passé.
Semaine après semaine, étape après étape, j’ai pris conscience de nombreux aspects de ma vie, de ma famille, de mon développement… et j’ai pu contextualiser mon avortement, l’inscrire dans mon parcours pour finalement l’accepter et donner une place à cet événement dans ma vie (plutôt que de l’ignorer, ce que j’avais fait jusqu’à présent – ne sachant probablement pas faire autrement). Mon accompagnante s’est toujours montrée à l’écoute et bienveillante.
N’étant pas chrétienne je regrette qu’il n’y ait pas d’organisme laïc qui propose le même genre de soutien mais vraiment, j’ai l’impression que vous êtes une (très belle) exception. Finalement au cours de l’accompagnement avec mon accompagnante je n’ai pas été gêné par la source chrétienne de votre travail, puisque je n’ai pas senti que mon accompagnante cherchait à m’imposer quelque vision du monde que ce soit. J’ai toujours parlé très librement et l’échange était riche, intéressant, et apaisant.
D’un point de vue pratique mon accompagnante était aussi très conciliante, nous avons toujours fixé au fur et à mesure le rendez-vous suivant, et quand j’ai dû interrompre le parcours pendant quelques mois, ce n’était pas un problème.
Aujourd’hui j’ai terminé le parcours, et je remercie infiniment mon accompagnante ainsi que l’association Agapa. Il y a vraiment un « avant » et « après » mon accompagnement en ce qui concerne ma perception de cet important événement, et je me sens mieux maintenant, merci j’ai trouvé le parcours particulièrement bien ficelé, avec toutes les étapes de prise de conscience successives!
Je suis heureuse d’avoir contacté Agapa et d’avoir fait le parcours jusqu’au bout.